LIVE : Les Tunisiens votent pour les premières élections municipales libres
Les Tunisiens se rendent aux urnes dimanche pour les premières élections municipales libres du pays, attendues depuis la révolution de 2011, un scrutin crucial pour enraciner le processus démocratique mais accueilli sans grande ferveur.
J-5 avant les premières municipales tunisiennes depuis la révolution. 5 millions d'électeurs sont attendus aux urnes. #Tunisie#TnElecpic.twitter.com/QgYwgzTXiK
— Blaise lilia (@liliagaida) 2 mai 2018
Après les premières élections pour désigner une Assemblée constituante en 2011, puis les législatives et la présidentielle en 2014, les municipales ont été repoussées par quatre fois en raison de blocages logistiques, administratifs et politiques.
« Ce dimanche ne sera pas comme les autres jours. Pour la première fois [depuis la révolution],le peuple tunisien est appelé à participer à des élections municipales, un événement qui paraît ordinaire alors qu'il est très important ! », a déclarévendredi le président Béji Caïd Essebsi, en appelant à une « participation massive ».
Les observateurs s'attendent à une forte abstention. Sept ans après la révolution, qui avait suscité de nombreux espoirs, beaucoup de Tunisiens se disent démobilisés face à l'inflation qui frôle les 8%, au chômage persistant au-dessus des 15%, et aux arrangements entre partis.
À Kasserine, une zone marginalisée du centre-ouest, le vote n'aura lieu que de 9h à 16h, « par mesure de sécurité »
« Ces municipales ne vont rien changer pour nous. Nous serons toujours sur la même charrette sans roues ni cheval », a lancé une femme au foyer de 34 ans, Hlima, pendant la campagne.
Dimanche, les 11 185 bureaux de vote accueilleront les Tunisiens qui éliront les conseillers municipaux lors d'un scrutin proportionnel à un tour. Ces conseillers devront, à leur tour, élire les maires. Ils ont jusqu'à mi-juin pour le faire.
Quelque 60 000 policiers et militaires ont été mobilisés, alors que le pays demeure sous état d'urgence depuis des attentats meurtriers en 2015.
À Kasserine, une zone marginalisée du centre-ouest, le vote n'aura lieu que de 9h à 16h, « par mesure de sécurité », selon l'instance chargée des élections, l'ISIE. Des groupes extrémistes armés sont retranchés dans les montagnes de cette région.
Des Tunisiens « exsangues, amers et désabusés »
Plus de 57000 candidats sont en lice, dont la moitié de femmes et de jeunes. Sur les 2074 listes en course, 1055 sont issues de partis, 860 indépendantes et 159 de coalition, selon les chiffres de l'ISIE.
Les résultats sont attendus dans les prochains jours.
Pour le quotidien francophone La Presse, les Tunisiens sont « exsangues, amers et désabusés ». « Cela est dû, entre autres, à l'absence flagrante et lourdement ressentie des réformes économiques et sociales, toujours en suspens ou renvoyées aux calendes grecques », estime le journal.
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Mais une partie de la population dit espérer une amélioration de son quotidien: propreté, transports et développement.
Dans la foulée de la chute du régime du président Zine Al Abidine Ben Ali en 2011, les municipalités avaient été dissoutes et remplacées par des « délégations spéciales », dont la gestion s'est montrée parfois défaillante.
« Les slogans réitérés par les listes en lice se sont concentrés sur l'esthétique des villes– propreté, transport, l'éclairage. Cependant, l'apport des municipalités peut aller plus loin. Les communes peuvent participer à la création d'emploi et participer au développement économique », espère le journal Le Quotidien.
Premières élections municipales en Tunisie depuis la "révolution" du 14 janvier 2011: la presse appelle à "voter massivement". pic.twitter.com/j6isiYPbz1
— Ochlocratie (@Ochlocratie) 6 mai 2018
Ces municipales marquent le premier pas tangible de la décentralisation, inscrite dans la Constitution et l'une des revendications de la révolution.
Sous la dictature, les municipalités ne géraient qu'une partie du territoire et n'avaient que peu de pouvoir de décision, étant soumises au bon vouloir d'une administration centrale souvent clientéliste.
Mais le pays est désormais doté d'un Code des collectivités locales, voté in extremis fin avril, qui en fait pour la première fois des entités administrées librement et disposant d'un début d'autonomie.
Ce scrutin, le premier depuis quatre ans, qui devrait voir émerger une nouvelle génération d'élus, sera suivi de législatives et d'une présidentielle en 2019
Pour des experts, les deux poids lourds de la vie politique, les islamistes d'Ennahdha et Nidaa Tounes, qui sont les seuls à avoir présenté des listes dans toutes les municipalités ou presque, pourraient en emporter une bonne partie.
Ennahdha a indiqué sa volonté de poursuivre à l'échelon local le consensus forgé avec Nidaa Tounes sur le plan national.
Ce scrutin, le premier depuis quatre ans, qui devrait voir émerger une nouvelle génération d'élus, sera suivi de législatives et d'une présidentielle en 2019.
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